Les Honda de légende

CBR400RR

Baby Blade

La Honda Fireblade fête cette année son 30ème anniversaire. Mais avez-vous déjà entendu parler de la CBR400RR du début des années 90, ou Baby Blade? Probablement pas, puisque cette 400cc n'a jamais été importée en Europe. Du moins officiellement, parce que cette moto, importée de façon non officielle, a fait le bonheur de quelques connaisseurs sur notre continent. Les raisons de cet engouement sont faciles à comprendre…

La CBR400RR se destinait surtout aux détenteurs du "petit" permis moto au Japon. Celui-ci est assez comparable à notre permis A2, mais il prévoit une limite de cylindrée à 399cc. Les titulaires de ce permis sont surtout des jeunes et parmi eux un bon nombre voulait une moto sportive. Surtout dans les années 90, quand ce type de machine a connu son heure de gloire. Honda l'avait bien compris et avait sorti de son chapeau la CBR400RR.

Jusqu'à 15.000 tr/m!

La CBR400RR reprenait le look de la toute première CBR900RR. Elle aussi, arborait fièrement la dénomination "Fireblade" sur sa carrosserie. C'était tout sauf un détail, car les jeunes Japonais voulaient l'authentique, pas une copie. Mais il n'y avait pas que l'esthétique qui était remarquable: techniquement aussi, la moto était un véritable bijou. C'est ainsi que son 4 cylindres en ligne de 399 cc possédait une distribution commandée par cascades de pignons, comme sur les Honda RC30, RC45 ou plus tard, VTR1000R SP1 et SP2. Exit donc les tendeurs de chaîne de distribution, ce qui conférait à ce petit moteur une sonorité très particulière. Le "4 pattes" atteignait sans effort le régime incroyable de 15.000 tr/min. La puissance augmentait proportionnellement au régime moteur entre 6.000 et 13.000 tr/min, où la courbe s'aplatissait. Une courbe de puissance à nulle autre pareille!

Une plage de puissance presque infinie

La CBR400RR dispensait pourtant sa puissance de manière particulièrement douce et progressive, sans creux ou vibrations, sur une plage de régime très étendue. Il était par exemple possible de doubler des voitures sans effort en 6ème sans rétrograder. Même en montagne, on pouvait compter sur le couple de 39 Nm du petit 4 cylindres. Ce n'était pas une valeur très élevée par rapport aux moteurs d'aujourd'hui, mais avec 60 ch pour 180 kilos, Honda avait quand même dû prévoir un limiteur pour empêcher la machine de rouler trop vite. Au Japon, la loi limite la vitesse des voitures et des motos à 180 km/h, mais "libérer" la CBR400RR était apparemment un jeu d'enfant, et cela a été fait à plusieurs reprises en Europe.

Gullarm

Là où la Honda CBR400RR brillait particulièrement, c'était sur le plan des qualités routières. La machine était conçue pour le plaisir de la conduire avant tout, avec son faible poids, sa puissance relativement élevée et son régime maxi digne d'une moto de compétition. Le châssis de la NC29, le dernier modèle (haut de gamme), était en aluminium, avec un bras oscillant en forme d'aile. Comme de bien entendu, ce bras oscillant n'a pas tardé à être baptisé "Gullarm" (aile de mouette). Une attention très grande était portée aux détails: la finition générale de la CBR400RR suscitait une admiration unanime. Le bouchon de réservoir encastré, le starter au guidon, les tendeurs de chaîne intégrés, le phare à double optique, les leviers réglables, les jantes à six rayons de type RC, les repose-pieds passager repliables à l'abri des regards, sans oublier la conception futuriste de maints éléments en aluminium et en plastique, ou encore les coloris et la déco, tout cela a permis à la CBR400RR de prendre l'avantage sur les autres motos existant à cette époque.

D'occasion?

Par rapport à la Honda VFR400R, plus exclusive, grâce son moteur V4 et sa suspension arrière monobras, la CBR400RR coûtait moins cher. Mais elle offrait exactement ce que les jeunes désiraient. Aujourd'hui, il faut débourser une certaine somme pour une CBR400RR en état correct, si tant est que l'on puisse en trouver une. En Europe, les exemplaires en bon état sont rares, mais au Japon, on a plus de chances d'en dénicher un. La CBR400RR a en tout cas pleinement sa place au panthéon des Honda de légende.