En arrière-plan

La CB750 Gin Devil de Stefan Everts

Demandez à monsieur tout-le-monde à quoi lui fait penser le nom de Stefan Everts et personne ne vous parlera de "café racers". La Honda CB750 est pourtant un projet sur lequel le décuple champion du monde de motocross travaille assidûment depuis deux ans. Nous avons eu l'occasion de jeter, en exclusivité, un coup d'œil dans les sous-sols de la maison de Stefan, où, à côté de chaque moto avec laquelle il a remporté un titre, trône à présent ce que l'on pourrait qualifier de croisement entre un café racer et un scrambler: la Gin Devil.

Une vie après le sport

Certains pensent qu'il y a une vie après la mort. Ce qui est certain, en revanche, c'est qu'il y a une vie après le sport. Après avoir remporté 10 titres mondiaux et dirigé des équipes en MXGP, Stefan Everts est loin d'être lassé du motocross. Et il ne le sera jamais, car tous les hommes de la famille Everts sont nés avec des crampons sous la plante des pieds, de l'essence dans les veines et une main droite qui possède des aptitudes supérieures à la moyenne quand il s'agit d'ouvrir en grand!

Reste que, voici quelques années, "The Legend" a également emprunté une autre voie: il a lancé sa propre marque de gin. Le "S72 Premium Gin" se porte maintenant très bien. Mais Everts n'est pas homme à se satisfaire de ce qui est "pas mal"… Dans sa quête d'une manière originale de promouvoir S72, il a trouvé un moyen d'exprimer son amour des motos. Le projet "Gin Devil" était né. Mais la gestation a été longue, ce qui s'explique par de multiples raisons.

Un parcours semé d'embûches

Ceux qui suivent un peu l'actualité savent que Stefan Everts a lutté ces dernières années contre une grave infection due au paludisme. Cela lui a presque coûté la vie, pris beaucoup de son temps, causé pas mal de souffrance et la perte de la plupart de ses orteils. Le pilote de motocross le plus titré de tous les temps nous attend pourtant en short et chaussures de sport. "Je me suis récemment remis au jogging. Une demi-heure environ, parfois 40 minutes et à un rythme cool. C'était très douloureux au début, mais si vous voulez arriver à quelque chose, il faut savoir repousser vos limites", nous explique Stefan. On le voit, le champion qui sommeille en lui est toujours là. Alors que la plupart des gens marcheraient avec des béquilles suite à l'amputation de leurs orteils, Stefan fait de la course à pied, malgré la souffrance. Et il fait bien plus que cela, car malgré ses 50 printemps, Stefan a l'air particulièrement en forme. Gageons qu'il est encore capable de rouler sur un circuit de cross pendant une demi-heure, à un rythme dont 99% des jeunes crossmen ne peuvent que rêver!

Puis vint le Covid…

"Nous avons commencé à bosser sur la Honda CB750 juste avant la pandémie de Covid-19, mais ensuite la vie s'est littéralement arrêtée, en ce compris le travail sur la CB. Finalement, j'ai fait construire la moto pour partie en Allemagne. René Oberkersch, Marko Roggensack et Matthias Kiel ont abattu un boulot important à différents niveaux. Bien sûr, j'ai aussi apporté ma propre contribution. Werner Speeckaert de Piranha Painting a quant à lui fait un excellent travail, et j'ai encore quelques contacts dans le monde de la moto, ce qui nous a permis de recourir à des pièces spéciales ici ou là."

Une finition superbe

Stefan Everts est prend volontiers la pose avec Gin Devil, mais il ne veut pas trop rouler avec. Lorsque nous lui faisons remarquer qu'à partir du 1er janvier 2023, il sera plus difficile d'immatriculer une moto d'occasion en Belgique, avec l'entrée en vigueur du contrôle technique, il nous répond qu'il va se dépêcher de demander une plaque d'immatriculation pour la CB750. "Je ne vais pas fréquemment en prendre le guidon, mais on ne sait jamais. Quoi qu'il en soit, il est préférable que la moto soit immatriculée en bonne et due forme", admet Stefan. Surtout qu'il est fier de cette moto, et à juste titre. Ses coloris correspondent au style d'un scrambler/café racer et la moto bénéficie d'une finition exemplaire. Il ne s'agit pas d'un projet bouclé à la hâte, mais d'une transformation mûrement réfléchie, d'un travail de qualité jusque dans les moindres détails.

10 couronnes

Werner Speeckaert a non seulement décoré de nombreux casques avec lesquels Stefan a remporté ses titres, mais il a également travaillé depuis 2013 pour de grands noms comme Honda Racing et Bell Helmets. Les silencieux d'échappement en acier inoxydable, réalisés à la main et fabriqués sur mesure sont une réussite esthétique mais font surtout que c'est une sonorité magnifique qui s'échappe du quatre-en-deux. A cet égard, il serait effectivement judicieux d'immatriculer la moto avant un éventuel contrôle technique, le son produit étant peut-être un peu trop chargé en décibels...

Il est probable qu'en plus des amateurs de motos personnalisées, les fans de sport s'intéresseront également à cette machine. Ils remarqueront probablement aussi que le réservoir est décoré de 10 petites couronnes, chacune correspondant à un titre mondial, l'année figurant à l'intérieur. Un seul homme au monde pouvait se le permettre…

Une caverne d'Ali-Baba

Dans une maison dont les sous-sols hébergent plusieurs motos d'usine qui ont remporté le championnat du monde de motocross et dont les murs illustrent les hauts faits de ce sport, il est difficile de se concentrer uniquement sur la Gin Devil… Pensez donc, il y a même une moto d'usine de René Baeten! Et si cela n'était pas encore suffisant, la maison comporte aussi un garage avec d'autres motos d'usine victorieuses en championnat du monde, une collection de trophées qui donne le vertige et enfin une salle où sont exposées les motos d'usine de Liam Everts. Difficile de trouver autant d'histoire du motocross regroupée en un seul endroit! Et la saga Everts n'est pas terminée… Le fait que la Gin Devil en fasse partie souligne la valeur et l'impact du concept, même si c'est la seule moto de la maison des Everts à posséder un éclairage en bonne et due forme. Mais elle est, elle aussi, chaussée de pneus à crampons, qu'alliez-vous penser…