ESSSAI EN IRLANDE
4 x DUAL CLUTCH TRANSMISSION
Pour les modèles disposants du système DCT en 2023, seuls quatre acheteurs sur dix choisiront la version traditionnelle. 13 ans après son introduction sur la VFR1200F, ce système est plus populaire que jamais. Pour le comprendre, nous sommes partis en Irlande, et nous avons roulé sur quatre modèles différentes équipés du DCT.
Nous avons évidemment roulé avec des Honda, c’est un peu normal. Car le premier constructeur mondial de motos est le seul à proposer un tel système. Pour ce test, le choix s'est porté sur la NT1100, l'Africa Twin, la GoldWing et le X-ADV. Quatre machines très différentes qui ont pu faire leurs preuves sur un parcours très varié en Irlande.
DUBLIN CORK TIPPERARY
"Pourquoi l'Irlande ?", me direz-vous. Sans doute pour une question d'originalité - voire d'humour - de la part de Honda. Figurez-vous que l'itinéraire allait de Dublin à Cork puis à Tipperary. Et oui, l'abréviation DCT a été subtilement incorporée dans le road-book. D'accord, nous aurions aussi pu rouler de Dinant à Tournai en passant par Chaudfontaine, mais avouez que 600 km à travers l'Irlande... c’est plus sympa.
UN PARCOURS SUPER COOL
Comme s'ils le savaient à l’avance chez Honda, pour la première étape de ce voyage en Irlande, nous avons hérité de l'Africa Twin. En version Adventure Sports s’il vous plait. Nous aurions donc pu rouler au-delà des 180 km que nous avons parcourus avec cette moto. Au départ de l'imposant Carton House près de Dublin, nous nous sommes immédiatement dirigés vers les montagnes de Wicklow. Un parc national qui rappelle davantage les Highlands écossais que l'Irlande. Ou même l'île de Man, car sur les routes rapides mais parfois cahoteuses qui y mènent, les deux roues de l'Africa Twin ont quittées le sol à plusieurs reprises. Comme vous pouvez l'imaginer, notre guide n’avait pas vraiment adopté un rythme d'escargot. Il était question en fait de conduite très sportive, mais avec de temps en temps des passages plus calmes qui permettaient de profiter de l'immense beauté naturelle de cette région. Parfois des pentes abruptes, d'autres fois une cascade pittoresque et, à cette époque de l'année, une multitude de fleurs qui donnaient pas mal de couleurs à notre parcours. Cool !
LE CONNAISSEZ-VOUS VRAIMENT ?
L’étape au guidon du X-ADV a également été très intéressante. Nous avons repris la route après notre arrêt déjeuner à New Ross. Il est vivement recommandé d'observer une pause dans cette ville portuaire, où l'on trouve notamment le Dunbrody Famine Ship et l'Emigrant Flame, qui rappellent la douloureuse famine qui a poussé de nombreux Irlandais à émigrer. Comme Dunganstown qui est d'ailleurs le lieu de naissance de Patrick Kennedy. Il s'agit probablement de l'immigrant irlandais le plus célèbre des États-Unis. Mais revenons à l’X-ADV ! L'excentrique scooter aventurier Honda reste une valeur sûre et, sur les routes sinueuses qui nous ont finalement permis d'arriver aux falaises de Dungarvan, celui-ci a été une véritable aubaine.
Avec un DCT plus simple (pas de mode Sport disponible et pas d'IMU pour le contrôle), mais avec suffisamment de modes de conduite pour ajuster le scooter à son goût, il faisait jeu égal avec les motos de plus forte cylindrée. Et après plus de 250 km de virages, il était temps de prendre un peu d'autoroute sur la dernière ligne droite vers Cork pour souffler un peu. Au Castelmartyr Resort, nous avons trouvé ce que nous n'aurions pas cru possible : encore plus de luxe qu'à notre point de départ, à Carton House. Et je ne plaisante vraiment pas.
LA ROUTE EST LONGUE
Le deuxième jour, nous sommes partis pour Tipperary. Cette ville est surtout connue pour la chanson It's a Long Way to Tipperary qui fut popularisée durant la Première Guerre mondiale. Mais ce n'est pas la ville en elle-même qui vaut le détour. En fait, ce n'est qu'une bourgade sans grand intérêt. En revanche, la route qui y mène est absolument incontournable. Le col de Vee tire son nom du seul et unique virage en épingle à cheveux que comporte cette route. Mais les vues sur les montagnes de Knockmealdown sont inoubliables, le revêtement est bon et les belles courbes sont légion. Si vous passez dans la région, le tronçon entre Waterford et Knockaunabulloga est un must absolu.
Pour cette deuxième journée, nous avons roulé alternativement avec la NT1100 et la GoldWing. Certaines routes possédaient un revêtement bien pire que ce que nous rencontrons souvent en Belgique, c’est peu dire, avec en plus un virage toutes les 10 secondes. En fait, cet itinéraire était plutôt destiné à des motos de moyenne cylindrée. Néanmoins, nous n'avons pas rencontré le moindre problème avec nos deux machines de plus d'un litre. Comme vous pouvez l'imaginer, changer de rapport sur un tel parcours vous laisse normalement à moitié groggy, ce qui n'a pas été le cas ici. Les changements de vitesse à l’embrayage et au sélecteur nous ont-ils manqué ? Pas du tout. Le plaisir de conduite était tel que le fait de se concentrer sur le choix de la bonne trajectoire, l'interaction entre la poignée d'accélérateur et les freins et la pression occasionnelle sur le bouton de rétrogradage afin d’accentuer le frein moteur, nous ont procuré du plaisir. Il s'agit bien entendu d'une impression personnelle et c'est finalement une bonne chose que le système DCT soit proposé en option sur un certain nombre de modèles Honda. Là où le choix n'existe pas (sur le X-ADV, par exemple), l'utilisation du double embrayage est simplement un avantage. Alors que sur d'autres scooters, vous conduisez toujours une boîte automatique, ici vous pouvez passer à la conduite manuelle. Changer de rapport à votre guise, freiner, ou tout simplement choisir l'option entièrement automatique.
CONCLUSION
Après plus de 600 km et deux jours de route, il était intéressant de pouvoir sentir et reconnaître les différences entre les systèmes DCT de chaque moto. Ces différences sont plus importantes que ce à quoi nous nous attendions. Jammy (chanceux en irlandais), car cela montre que la technologie du DCT est passée d'un système à une vaste plate-forme qui présente des caractéristiques différentes sur chaque moto. Nous ne pouvons pas nous empêcher de conclure également que durant ces 600 km et les quelques milliers de virages abordés, pas une seule fois nous n'avons eu envie d'être sur une moto à changement de vitesses classique. Cela en dit long. Cela ne veut pas dire non plus que nous n'aurons pas envie d'enfourcher une moto «traditionnelle» la semaine prochaine. Ce qui compte finalement, c'est que les motos équipées du DCT - outre le beau temps et les merveilleuses routes irlandaises - nous ont procuré du plaisir et des souvenirs inoubliables. Ne s'agit-il pas là de deux des exigences fondamentales autour desquelles devrait s'articuler la pratique de la moto ?