REPORTAGE

Par-delà les Alpes en Transalp

Peu de projets frappent autant l'imagination que franchir les Alpes au guidon d'une Honda Transalp. La nouvelle Transalp est-elle toujours à la hauteur de son nom ? Pour répondre à cette question, notre reporter a traversé les Alpes, avec la XL750 comme partenaire de route.

Jour 1 : Schendelbeke - Dampierre-lès-Conflans

Les premiers tours de roue effectués dans le nord-est de la Belgique se sont avérés être un bon échauffement pour notre monture. Même si, bien entendu, nous étions encore loin du point culminant de notre voyage. En effet, depuis notre point de départ, nous nous sommes mis en route vers notre première étape : une ferme à Dampierre-lès-Conflans où des ânes sont élevés. Il s'agit d'un hameau de Haute-Saône, à la frontière du Jura. La route qui y mène serpente à travers les Ardennes wallonnes et françaises. Un vrai bonheur pour le motard et sa machine. L'odeur dégagée par les forêts de pins nous met immédiatement dans un état d'extase. Ça sent bon les vacances ! Zigzaguant de village en village, nous tenons bon pendant les premières centaines de kilomètres. Plus le roadbook serpente, plus l'ambiance au guidon est joviale. Gaz !

Jour 2 : Dampierre-lès-Conflans - Gandino

Le deuxième jour de notre voyage à moto à travers les Alpes met notre fidèle Transalp à rude épreuve. Au programme : 622 kilomètres de paysages à couper le souffle. Nous enchaînons les cols de Susten, Nufenen, Furka et Glaubenberg, avant de passer par Bellinzona pour rejoindre Lugano. Enfin, nous arrivons à Gandino, un village pittoresque des Dolomites. Dans ces conditions, nous avons l'occasion de tester en profondeur la suspension, les freins et le moteur. Accélérer, freiner, tourner, encore et encore. Du lever au coucher du soleil. Il n'y a pas de meilleure moto pour ce genre d'aventure. Légère, puissante, conviviale et polyvalente : c'est la meilleure façon de décrire la nouvelle Transalp. Le bicylindre parallèle à refroidissement liquide avec arbre à cames en tête, huit soupapes et vilebrequin à 270° - que l'on retrouve également sur la Hornet - ajoute au plaisir de cette moto. Ce bloc développe beaucoup plus de couple et presque deux fois plus de puissance que la Transalp originelle. Et cela se remarque, bien sûr. Grâce à la suspension Showa, vous flottez littéralement sur l'asphalte le plus rugueux. Compte tenu de la puissance du moteur, il est essentiel de disposer d'excellents freins. Et ceux-ci ne déçoivent pas non plus : les freins à double disque avec étriers à deux pistons à l'avant suffisent amplement à arrêter la XL750.

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Jour 3 : Gandino - Fondo

Peu après avoir quitté Gandino, nous nous lançons à fond sur les serpentins italiens, en évitant soigneusement les autoroutes voisines. Sous nos yeux, le paysage se transforme au fur et à mesure que l'altitude augmente, passant des maisons aux couleurs pastel aux chalets typiques en bois. Entre Bergame et Brescia, nous bravons quelques sentiers de montagne, qui ne se révèlent guère plus larges qu'un sentier de promenade. Chaud ! Puis vient l'un des tronçons d'asphalte les plus techniques des Alpes italiennes : le Stelvio. Sans aucun doute le col le plus légendaire d'Italie, apprécié des motards, des fans d’automobile mais aussi des cyclistes pour ses vues à couper le souffle et ses virages en épingle à cheveux : 48 sur le versant nord et 39 sur le versant sud. La descente le long du versant nord est suivie d'un tronçon fantastique à travers la vallée de l'Adige. Un ravissement pour les yeux et le nez avec ses vergers apparemment sans fin. Ici, nous pouvons reprendre notre souffle pendant un moment, avant de continuer via le col de Mendel et jusqu'à Fondo.

Jour 4 : Fondo - Bovec

Des nuages s'amoncellent au-dessus de Fondo. Nous quittons donc rapidement l’endroit. Je donne un bon coup de fouet à la Transalp, en direction du sud-est, vers le Sella et le col de Pordoi. Aujourd'hui, nous slalomons à travers les Dolomites pendant la majeure partie de la journée. La particularité de cette chaîne de montagnes - qui lui a d'ailleurs donné son nom - est sa forte teneur en dolomite, un minéral qui lui confère sa couleur claire caractéristique et son aspect saisissant. La Marmolada, en particulier, est ravissante dans son manteau ocre-jaune. Plus tard dans la journée, nous franchissons la frontière avec la Slovénie, où nous poursuivons notre randonnée à travers les Alpes juliennes, en direction de Bovec.

À mesure que nous approchons de la Slovénie, l'agitation du trafic italien disparaît également. L'exploration de ces régions désertes s'accompagne d'un sentiment de liberté totale. On met les gaz, on passe les vitesses au quickshifter, et c'est parti. C'est le bonheur. Après Cortina d'Ampezzo, l'essentiel de l'itinéraire longe des fleuves, des lacs et d'anciens viaducs. Cet environnement se prolonge de l'autre côté de la frontière slovène : idéal pour se rafraîchir après une longue et chaude journée en selle. Nous nous régalons jusqu'aux derniers mètres de la randonnée. Depuis Kranjska Gora, nous suivons la rivière Soča à travers le parc national de Triglav - le seul parc national du pays et nommé d'après la plus haute montagne de Slovénie, le mont Triglav. Un endroit de rêve pour bivouaquer.

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Jour 5 : Bovec - Piran

La Slovénie nous plaît. Des gens sympathiques, un carburant bon marché et des paysages magnifiques et variés font de cette contrée une destination de choix pour les motards. Nous commençons immédiatement la journée de la meilleure des façons. La piste qui va de Bovec à Ziri est (heureusement) inconnue du grand public. Ce ruban d'asphalte sinueux nous emmène plus loin, le long de la Soča, en direction de Ljubljana, où nous opérons une courte halte. Grâce aux influences romaines, habsbourgeoises et slovènes, cette ville a beaucoup à offrir sur le plan culturel. Mais l'appel de la route est implacable : nous ne pouvons pas y consacrer beaucoup de temps, et notre visite se limite donc à un repas rapide et à une traversée de la ville.

Nous avons à peine laissé les remparts de la ville dix kilomètres derrière nous que l'appareil de navigation nous envoie vers les forêts vierges, par une route de gravier. Après avoir désactivé l'antipatinage et l'ABS, les réjouissances peuvent commencer. La conduite en tout-terrain n'était pas prévue au programme, mais on ne sait jamais ce que l'on peut découvrir lors d'une aventure en montagne. Là encore, la Transalp prouve pourquoi elle est une si bonne moto pour l’évasion. Sur l'asphalte, elle se comporte parfaitement. Mais même sur la terre, la Transalp ne se laisse pas facilement distancer, notamment grâce aux excellents pneus Bridgestone AT41 qui équipent ses roues. Après cet intermède inattendu mais néanmoins très plaisant, notre route se met à serpenter à travers le plateau du Karst, en direction de la côte. En humant l'air salin et en apercevant les premiers oliviers, nous savons que l'Adriatique n'est pas loin. Portorož, une petite ville côtière, s'avère être l'endroit idéal pour se détendre un moment avant de reprendre le chemin du retour.

Jour 6 & 7 : Piran - Neuremberg - Schendelbeke

Les étapes dignes de marathons des jours précédents commencent à faire sentir leurs effets. Deux mille kilomètres en cinq jours, sans un seul kilomètre d'autoroute, c'est plus éprouvant pour le corps et l'esprit que ce que nous avions estimé au préalable. Nous décidons donc de changer de tactique et de parcourir les derniers 1.400 kilomètres qui nous séparent de notre domicile en empruntant la route la plus rapide. C'est beaucoup moins excitant, mais la sécurité passe toujours avant tout. En chemin, nous nous arrêtons à Koper et à Trieste. Deux villes de la côte adriatique dont l'architecture nous rappelle fortement Venise : des arcs en plein cintre aux façades colorées en passant par les loggias. Le cliché par excellence. Après cette visite, nous aspirons à retrouver notre lit. Mais les kilomètres d'autoroute qui nous séparent de notre lieu de résidence sont une bonne occasion de prendre le temps d'analyser notre consommation.

Avec une moyenne de 5l/100 km, la Transalp s’en tire avec un bulletin plus qu’honorable, surtout si l'on tient compte de notre style de conduite sportif. Sur un tronçon d'autoroute allemande, juste après les Alpes autrichiennes, nous avons titillé la vitesse maximale, rien que pour le plaisir : 191 km/h sur le GPS, et 207 km/h au compteur. Il convient également de souligner la remarquable stabilité à vitesse élevée : même avec des bagages, la moto reste toujours collée à l'asphalte et sur sa trajectoire, sans oscillation ni vacillement. Superbe !

Conclusion : la parfaite compagne de voyage

Après une semaine passée dans l’habitat naturel de la XL750, nous pouvons tirer une conclusion ferme sur la nouvelle Honda Transalp. La XL750 a déjà fait un grand pas en avant par rapport au tout premier modèle. Elle est tout simplement meilleure dans tous les domaines : le moteur, la suspension et le système de freinage. La Transalp mérite-t-elle encore son nom ? Nous ne pouvions pas rêver d'une meilleure compagne de voyage pour cette aventure. L'équilibre parfait entre les performances routières et les capacités tout-terrain est exactement ce qu'il vous faut pour explorer les Alpes. Alors, qu'attendez-vous ?